Donald Trump, une vision bien américaine de l’immigration

Mur de séparation, « Muslim ban » et autres décrets controversés : la politique d’immigration de Donald Trump ne cesse d’interroger. Pourtant est-elle vraiment si exceptionnelle ?

 

Choquante, révoltante, raciste. Les adjectifs ne manquent pas pour désigner la politique d’immigration du 45e président des États-Unis d’Amérique. Et pour cause. L’année 2017 avait démarré sur les chapeaux de roues avec l’interdiction pour les ressortissants de sept pays, tous à majorité musulmane, d’entrer aux États-Unis pendant 3 mois. Les autres réfugiés, quant à eux, avaient été interdits de territoire pour quatre mois. Rapidement surnommé « muslim ban », le décret – qui avait suscité une vive indignation autant dans les pays concernés que sur le territoire américain – a vite été bloqué à plusieurs reprises par la justice avant d’être, finalement, validé par la Cour Suprême en décembre dernier.

Par la suite, ce sont les « Dreamers » – des milliers de jeunes immigrés autorisés à étudier et à travailler sur une période de deux ans renouvelable – qui ont tremblé quand Trump a annoncé la fin du programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals : NDLR) dont ils bénéficiaient jusque là. Pour le nouveau président, pas question de prolonger plus longtemps un dispositif d’« amnistie illégale » qui favorise « l’immigration en chaîne ». Là encore, pas facile de faire appliquer la décision puisque 15 états ont porté plainte contre la mesure qu’ils jugent « anticonstitutionnelle »

Si la politique d’immigration de Trump se heurte souvent à un mur, il n’abandonne pourtant pas l’idée de construire le sien. Mesure phare de sa campagne, le fameux mur qui doit séparer les États-Unis du Mexique est actuellement en phase d’essai. Néanmoins, une fois de plus, les aspirations de Trump sont contrariées. En effet, le projet actuel prévoit un mur courant sur 1.552 kilomètres – soit seulement la moitié de la frontière – pour la modique somme de…18 milliards de dollars. Tout un programme.

 

Une habitude qui ne date pas d’hier

 

L’ensemble de ces décrets peuvent laisser penser que la politique d’immigration de Trump est exceptionnelle. Pourtant, les Etats-Unis – pays de l’immigration par excellence – n’en sont pas à leur coup d’essai quand il s’agit fermer les frontières. Le pays a connu, à plusieurs reprises, des vagues d’hostilité envers l’arrivée de certaines communautés d’immigrés.

En 1790, la loi de naturalisation de 1790 vise à interdire aux Noirs de devenir des citoyens américains. Huit ans plus tard, ce sont les Français qui sont visés. La communauté asiatique mange également son pain noir en 1875 à cause d’une loi interdisant les travailleurs asiatiques. Enfin, une réforme de 1924 s’en prend aux Européens du sud et de l’est, principalement catholiques et juifs.

Pour Allan Lichtman, professeur d’histoire à l’American University, « il y a eu un très fort sentiment anti-immigration tout au long du 19e siècle. A différents moments de l’histoire américaine, ces différents types d’immigrants ont été perçus comme des menaces pour le territoire américain. La situation actuelle ferait donc échos au passé puisque Donald Trump dit défendre à tout prix l’intégrité du territoire, notamment contre la menace terroriste.

 

« Je me suis toujours sentie américaine »

 

La tension relative à ces questions d’immigration ne cesse de croître, le tout sur fond de racisme latent. Et les derniers propos de Donald Trump n’ont rien arrangé. Pourtant, certains Américains issus de l’immigration ne veulent cesser d’y croire. C’est le cas de Marie-Josée Martin, américaine d’origine haïtienne qui s’est toujours « sentie américaine » et qui croit fermement qu’elle « a droit d’être sur le sol américain ». « J’ai été blessé par ses propos et je me sens mal parce que je n’ai jamais autant senti le racisme que depuis que Donald Trump est arrivé au pouvoir », nous confie-t-elle.

Pourtant, pour Marie-Josée, rien n’est perdu. A 68 ans, elle croit très fort à l’union des différentes communautés pour sortir de cette situation de crise. « Haïtiens, résidents des pays africains et tous les autres, nous devons nous unir et montrons que nous sommes là en votant ! », martèle Marie-Josée. Et pour celle qui est américaine depuis une quarantaine d’années, le pouvoir des urnes n’est pas mort.  « Je n’ai pas voté pour Donald Trump mais je pense que l’on peut encore faire bouger les choses », nous explique-t-elle. Alors elle continuera de voter pour des représentants susceptibles de défendre les droits de tous ceux venus chercher leur part du « rêve américain ».

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