Son silence était très critiqué par la sphère internationale. Aung San Suu Kyi, qui ne s’était jamais exprimée sur le massacre des Rohingyas, a salué un « nouveau pas fait par son pays » lors d’une rencontre vendredi soir avec le ministre japonais des Affaires étrangères.
Depuis août dernier, ce ne sont pas moins de 655 000 Rohingyas qui ont quitté la Birmanie pour le Bangladesh. La plupart vivent dans des camps de réfugiés pour ne pas avoir à subir, selon l’ONU, l’épuration ethnique que réalise l’armée birmane. Plus de 350 villages brûlés, 6700 morts à ce jour dont 730 enfants, des milliers de femmes violées d’après Médecins sans Frontières. Ces chiffres font froid dans le dos. Pourtant, l’armée birmane avait toujours nié pratiquer de tels actes.
Un aveu… sur Facebook
C’est dans un post Facebook que les autorités ont reconnu avoir exécuté dix « terroristes bengalis » : « Comme il n’y avait pas possibilité de (les) transférer au poste de police d’Inn Din, il a été décidé de les tuer » (ici, Bengalis signifie membre de la minorité musulmane des Rohingyas immigrés clandestins).
C’est une première pour les autorités birmanes. Depuis le début du conflit, elles n’avaient jamais avoué avoir exécuté des membres de la minorité du pays. Elles tempèrent tout de même leurs aveux en expliquant qu’ils étaient des « terroristes » et qu’ils avaient été tués par des villageois et les forces de sécurité, et non par des soldats. Les familles, quant à elles, ont affirmé avoir vu des soldats de l’armée prendre au hasard des civils et les enterrer dans une fosse commune.
La Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi a tout de même salué cette reconnaissance.
« Au bout du compte, le respect des lois dans un pays est de la responsabilité de ce pays. Ceci est une indication positive de ce que nous prenons les mesures pour responsables » déclare Aung San Suu Kyi.
La communauté musulmane des Rohingyas représente la plus importante population apatride du monde depuis 1982, et sont à présent persécutés par le pays qui leur a retiré leur nationalité. Aung San Suu Kyi ne s’est pas exprimée sur le futur qu’elle espérait ou envisageait pour les Rohingyas.