« La réinsertion est très difficile psychologiquement »

A Paris, l’association Mouvement pour la Réinsertion Sociale aide les détenus et anciens détenus à garder un pied dans la vie. 40 bénévoles les aide à la réinsertion sociale et professionnelle.

L’isolement. Quand on est en prison, même avec le soutient familial, on est seul, coupé du monde. Un monde qui, quelque soit le temps passé derrière les barreaux, a changé à toute vitesse à la sortie. Pour accompagner les détenus une fois dehors, de nombreuses associations ont vu le jour. A Paris, Le Mouvement pour la Réinsertion Sociale (MRS) accompagne, chaque année, entre 400 et 600 personnes socialement et professionnellement. Il s’adresse surtout aux personnes très isolées ou fragiles. « On a deux niveaux de réinsertion : avec ceux qui sont en prison, sous demande des conseillers, et avec ceux qui sont sortis », souligne Claire Tranchimand, Présidente de l’association.

« C’est une étape très difficile à traverser psychologiquement. Surtout avec la situation économique en France, et à Paris, où les loyers sont chers, où on doit faire de longs trajets de transports en commun, etc. »

La santé, le logement, le travail

Après un premier rendez-vous avec un accueillant, l’accompagnement est lancé. Tout commence avec la réinscription administrative (refaire sa carte d’identité, s’inscrire à Pôle Emploi). « C’est une étape longue mais nécessaire. Sans ça, on ne peut rien faire », affirme Claire. Ensuite, il faut trouver un logement. « Une centaine des personnes prises en charge est logée dans des chambres d’hôtel. Ca peut durer de quelques semaines à quelques mois pour mettre en place une stabilisation ». Pour les autres, l’association fait appel à des logements sociaux. Le but est d’accéder, petit à petit, à l’autonomie. Une autonomie que MRS veut aussi amener dans le domaine de la santé. « Nous ne sommes pas des spécialistes, nous les aidons simplement à parler de leurs problèmes (cauchemars, violence, alcool…) et à se prendre en charge eux-mêmes en allant consulter un spécialiste ».

Enfin, une fois que tout est mis en place, l’association s’attaque au travail. C’est d’abord un état des lieux des compétences, des envies, des besoins. « On est là pour leur faire prendre conscience de leurs capacités. Certains, par exemple, nous disent qu’ils veulent passer le permis poids lourds tout de suite mais ils n’ont pas encore le code de la route. D’autres, au contraire, pensent qu’ils ne savent rien faire parce qu’ils n’ont jamais travaillé alors qu’ils ont quelques atouts ». Les plus jeunes sont souvent orientés vers des formations. Les autres, vers de petits boulots ou des emplois d’insertion. « C’est à nous de les aider à accepter des missions courtes. C’est graduel, on ne peut pas directement les envoyer sur des 35 heures par semaine ». Résultat : 35% des personnes aidées obtiennent un emploi ou une formation professionnelle. Mais ce pas en avant ne marque pas la fin de l’accompagnement. « Ca peut durer de quelques semaines à deux ans, on ne se fixe pas de date. C’est nous qui nous adaptons à chaque cas, pour éviter une rechute. »

La réinsertion est-elle vraiment possible ? L’enquête nous le dira.

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