Cybelle, aide-soignante, « tu viens au travail et tu pleures, c’est pas normal »

Cybelle, 35 ans, mère de famille, est aide-soignante depuis 10 ans dans la même clinique. Après deux arrêts maladie pour burn-out, elle a accepté de revenir sur cette étape éprouvante de sa vie professionnelle.

« Je vais au travail la boule au ventre »

Depuis le changement de direction en 2014, les conditions de travail n’ont plus été les mêmes, à la clinique des Pyrénées, « tout a changé en même temps » explique l’aide-soignante.« Depuis, on nous surveille dans les couloirs, la direction est toujours sur notre dos et dès qu’une équipe s’entend bien, elle est changée » raconte-t-elle.

Avec cette ambiance au travail, et les changements imposés, Cybelle n’a pas mis longtemps avant de s’épuiser et de perdre l’envie de travailler. « Quand ça ne va pas au travail, tu dors mal, tu en parles tout le temps et ça prend toute ton énergie. Je suis maman aussi, après mes heures de boulot, j’en ai un autre qui m’attend à la maison. L’ambiance en famille se dégradait et quand j’ai vu que je transférais mes frustrations et ma déprime sur ma famille, je me suis dit stop. Il fallait que je fasse une pause » raconte Cybelle. Il ne faut pas croire, le travail ne s’envole pas une fois rentré chez soi, la mauvaise ambiance et le mal-être professionnel suivent le salarié jusque chez lui et mettent à rude épreuve sa vie de famille.

« Je ne pouvais plus, j’angoissais »

Encore anxieuse, sa voix se fragilise quand elle parle de son travail. Après son premier arrêt de trois semaines, Cybelle est reparti au travail. Et ça a été de pire en pire, « dans ma tête, pour me donner du courage, je me suis dis : « Cybelle tu travailles pour ton salaire et pour tes patients, fait abstraction du reste. » Mais ce n’est pas facile de travailler correctement quand tout pars en vrille à côté » explique-t-elle. Ses collègues sont dans le même état de fragilité et beaucoup d’entre elles partent en arrêt maladie. Mais cette année, elles ont décidé de ne plus se laisser faire et elles se sont syndicalisées. Il faut savoir que le syndicat en place (CFDT pour patron et cadre) ne leur est pas venu en aide une seule fois, et c’est pour cette raison qu’elle ont créé leur propre bureau avec le FO (Force Ouvrière). Cybelle en est la présidente, et avec ses 30 collègues syndicalisées, elles doivent se présenter à la direction fin février. Un petit pas, qui pourrait plus tard les aider dans leur quotidien au travail.

C’est pour ces personnes là, que Karine Fery a créé « Sos au travail ». Dès la fin de la semaine, retrouvez l’intégralité du témoignage de Cybelle face au burn-out, mais aussi l’avis d’un psychologue, sur la question. 

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