Créateurs : se réunir pour exister

Elodie Marville, créatrice toulousaine de sac à main. /Photo S. Thuault Ney

Comment survivre quand on est un tout petit créateur face aux géants de la mondialisation ? Au coeur de Toulouse, Bow, associe trois créatrices dans une seule et même boutique-atelier. Rencontre. 

Mercredi après-midi, les rues du centre-ville de Toulouse sont bondées. Quelques flocons de neige volent dans le ciel. Il fait froid, le vent qui s’engouffre dans les ruelles, glace le sang. C’est dans une petite rue peu fréquentée, non loin des quais de la Daurade, que Élodie Marville, Kristel Riethmuller et Agnès Barlagne ont installé leur atelier-boutique, Bow. Toutes les trois sont des créatrices. La première fabrique des sacs, la seconde est spécialisée dans la décoration pour les petits et grands enfants. Et la dernière créer des vêtements pour femme.

A première vue, leur boutique ressemble à beaucoup d’autres que l’on trouve dans les ruelles toulousaines. Mais en poussant la porte, on se rend compte que la boutique est aussi un atelier. Parmi, les bijoux, la porcelaine, les sacs et les vêtements accrochés au mur. On trouve aussi, au fond du magasin, des machines à coudre installées sur des tables. Devant l’une des machines, Elodie Marville est en train de coudre une de ses dernières créations : une besace en cuir marron clair.

Bow, boutique-atelier de créatrices au coeur de Toulouse. /Photo S. Thuault Ney
Bow, boutique-atelier de créatrices au coeur de Toulouse. /Photo S. Thuault Ney

Se rassembler pour réduire les coûts.

Chacune d’entre elles, a crée sa propre entreprise il y a quelques années. Mais difficile de survivre et de tout gérer (la paperasse, les factures, etc) quand on est un créateur, seul dans son coin.  » On se voyait souvent sur des marchés, ou des salons. On s’entendait bien et un jour on a eu l’idée de travailler ensemble » explique Elodie, « la bricoleuse » de sac. « Créer ce magasin nous a permis d’être vraiment visible sur Toulouse. Et puis on trouvait que nos différents travaux s’accordaient bien ensemble. On voulait créer quelque chose de beau, d’où le nom du magasin » rajoute Elodie.

Mais ce qui est le plus avantageux pour les trois créatrices, avec cet atelier-boutique, c’est la réduction des coût. Seule, elle n’aurait jamais pu s’installer dans le centre de Toulouse. « Nous avons aussi beaucoup plus d’espace pour travailler, chez moi je n’avais vraiment plus de place  » ajoute-t-elle en rigolant. Avec les bureaux installés dans les combles et un atelier de conception dans le sous-sol tout est conçu de A à Z, sur place et à la main. Pour les matières premières, Elodie s’approvisionne auprès de fournisseurs locaux. Notamment pour le cuir, qui vient du Tarn. Tous les deux mois, les trois créatrices accueillent aussi d’autres artistes régionaux. Le but faire connaitre de nouveau créateurs locaux, mais aussi proposer de nouveaux produits, différents de leurs créations.

Malgré la mise en commun des frais. Etre créateur « reste hyper difficile » avoue Elodie, « même si c’est un métier à 100%, il faut être vraiment passionné par ce qu’on fait, car on ne gagne quasiment pas d’argent en vendant nos créations ».

Le made in France, et handmade à la mode

Depuis plusieurs années, l’artisanat à le vent en poupe. Le made in France a fait son grand retour dans les magasins. « Les gens adorent le fait-main » explique Elodie. Le seul bémol, c’est le prix. Chaque création étant unique et faite entièrement à la main, cela coûte une certaine somme. A Bow, il y a de tous les prix : comptez 88€ pour un sac en cuir, 115 pour une robe, 45 pour une tenue pour enfant.  » on a aussi quelques articles à moins de 20€, comme des chouchous, des bavoirs, …  » Le made in France, c’est aussi une nouvelle manière de consommer : acheter moins de choses, mais de meilleure qualité, avec un savoir-faire particulier et local. Selon une étude réalisée en 2014, par le CREDOC  » 50% des Français privilégient les produits fabriqués en France dans leurs achats, et 60% d’entre eux sont prêts à payer plus cher cette origine, contre 39% en 1997.

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