[PORTRAIT] Purpan, vingt ans de travail et puis plus rien

Ancien agent de logistique au CHU de Purpan, cela fait huit mois que Chostine a été mise à pied. Aujourd’hui elle se bat pour récupérer son emploi, mais aussi pour les conditions de travail de ses (anciens) collègues.

Il est 14 heures place Saint Cyprien à Toulouse. Devant BNP Paribas, une trentaine de personnes sont là, à discuter. Sur la route, un camion de la CGT est recouvert de banderoles où on peut lire « professionnels, usagés, toutes et tous concernés » ou encore « suppression de lit, suppression de postes ». Certains sont en blouse blanche, d’autres porte un masque devant la bouche. Tous ont un autocollant de la CGT placardé sur la poitrine. Eux, ce sont le personnel du centre hospitalier universitaire (CHU) de Purpan. Ils sont en grève, et manifestent pour obtenir plus de moyens.

« jusqu’où il faudra aller pour se faire entendre ? »

Parmi ces deux cents militants, Chostine Alao est là elle aussi, pour dénoncer de mauvaises conditions de travail. Elle, ne porte pas la blouse blanche, et pour cause. Elle n’est pas infirmière, mais agent de logistique au CHU du Purpan. Chostine est une habituée de manif, dit-elle avec le sourire. « Ce n’est ni la première, ni la dernière manifestation que je ferai. Les dirigeants ne nous écoutent pas, et je sais pas jusqu’où il faudra aller pour se faire entendre », ajoute-elle, sur un autre ton. Chostine à l’air de l’avoir mauvaise. Derrière ses grandes lunettes de soleil noires, elle a l’air émue, la gorge nouée. Et il y a de quoi. Ces deux collègues qui l’accompagnent, s’écartent de la conversation. La militante m’explique qu’elle a commencé à travailler à l’hôpital de Purpan, il y a 20 ans. Sa vocation, elle l’a tient de ses enfants « les deux premiers sont des prématurés. Passer plusieurs mois à l’hôpital, à vivre au jour le jour, cela m’a donné envie, moi aussi d’aider les autres » ajoute en souriant, la maman.

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Si elle est autant émue, c’est parce que Chostine a perdu son travail il y a huit mois. Le motif de son licenciement : avoir fait remonter des dysfonctionnements à la direction. Depuis, ses supérieurs ont été promus à de meilleurs postes. Et elle, elle est baladée de service en service, sans qu’on lui trouve de poste fixe, pour lequel, elle est compétente.

Avant que le cortège ne s’élance vers le Pont neuf, sur un air de HK et les Saltimbanques, Chostine se livre, les larmes aux yeux. Elle ne sait pas si elle aura la force de tenir. Ce rassemblement lui rappelle trop de mauvais souvenirs. Mais soutenir ces collègues est plus important à ses yeux. Dévouée, Chostine l’est, « c’est aussi grâce à mes trois enfants que je tiens le coup ». Dans la foule, elle est au premier rang. Lanceuse d’alerte du CHU de Purpan, aujourd’hui elle reste silencieuse. Seules les chansons qui tournent en boucle depuis le camion CGT en tête du cortège la font parfois, chanter. Chostine ne restera pas jusqu’à la fin de la manifestation. Peut-être pour aller chercher son petit dernier, âgé de six ans. Son combat à elle, ne s’arrête pas devant le mémorial de François Verdier, il continuera, s’il le faut jusque devant les tribunaux. Car ce qu’elle veut par-dessus tout, c’est retrouver son travail.

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