[EXCLUSIF] Kid Wise s’arrête : « Ça sera compliqué sur le plan émotionnel, mais ça sera magnifique »

Jeudi 18 et vendredi 19 janvier, les Kid Wise joueront leurs deux derniers concerts avant la mise entre parenthèses du groupe. Entretien exclusif avec Vincent Dinis, guitariste du groupe toulousain, à quelques heures de leur montée sur scène.

Vincent, pourquoi Kid Wise met-il son projet entre parenthèses, alors que certains d’entre vous poursuivent leur carrière musicale seuls ou avec un autre groupe ?

C’est justement parce qu’on est arrivés à un « trop » avec Kid Wise. On n’avait plus forcément l’envie du début, et le projet n’était pas viable financièrement. Chacun a pris une direction différente, musicale ou non. Clément, notre violoniste, est réalisateur de l’album de Big Flo et Oli. Il est désormais sur scène avec eux, et c’était un facteur à prendre en compte. Cela signifie qu’il allait enchaîner les tournées, et qu’il n’aurait plus beaucoup de temps à consacrer au projet. Augustin, notre chanteur, est parti sur Paris. Il a monté un autre groupe, After Marianne, avec Théophile et Léo, respectivement guitariste et batteur de Kid Wise. Anthony, notre bassiste, est retourné à Rennes pour réaliser un projet qui s’appelle « Primate », avec des anciens musiciens du groupe rennais « Juveniles ». Personnellement, je travaille chez Bleu Citron Productions. Nos choix de carrière se sont décidés de manière assez naturelle.
On s’est dit qu’il fallait arrêter au bon moment, ne pas continuer à s’accrocher, sans se donner à 100% dans le projet. Aujourd’hui, dans la musique, c’est très compliqué même en se donnant à fond dans un projet. Alors en travaillant tous à mi-temps, cela n’aurait jamais fonctionné. On a préféré quand il était encore temps, pour pouvoir faire deux beaux derniers concerts à Toulouse. S’amuser avec nos familles, nos amis, et tous les gens qui nous suivent depuis le début. Quand chacun aura pris une bouffée d’air frais de son côté, qu’on aura tous l’envie et le temps à y consacrer, on pourra se mettre à fond dans ce troisième album. Quand on se met dans un album, on ne le fait pas à la va-vite en deux semaines. Cela nous prend au moins un an, avec soixante jours de studio, des périodes de réflexion… On a préféré être sages jusqu’au bout avant de pas pouvoir digérer ce troisième album et ne plus jamais pouvoir revenir.

Votre deuxième album, « Les Vivants », a-t-il eu le succès attendu ?

Non, c’est très compliqué. Quand on a un groupe aujourd’hui en France, il n’y en a pas beaucoup qui fonctionnent, ce sont surtout des individualités. Je pense notamment à Eddy De Pretto, que j’aime beaucoup. C’est le stéréotype même de ce qui marche en France : un type seul, ou à deux sur scène grand maximum. C’est beaucoup facile de travailler avec des personnes seules ou des binômes qu’avec des groupes. Les personnes qui ont travaillé avec nous ont eu beaucoup plus de mal à nous vendre, du coup l’album n’a pas marché comme on l’aurait voulu. Mais nous en sommes tous très fiers, il s’est vendu quasiment comme le premier. Ce n’est pas un échec, mais pas non plus une réussite.

Cela a-t-il pesé, dans la décision de Kid Wise de faire une pause ?

Oui, je pense que s’il avait été double disque de platine, on n’aurait pas arrêté (rires). Le côté financier a joué dans notre décision, il n’y avait plus de viabilité du projet. On n’arrivait plus à jouer, les programmateurs attendent surtout des concerts qui ne coûtent pas cher. Lorsqu’on arrive à sept, on est plus forcément plus chers qu’un Eddy De Pretto, seul et qui ramène plus de monde que nous six, plus notre ingé-son. C’est un enchaînement de circonstances, qui a fait que c’était logique d’arrêter. Sinon, il aurait fallu demander à nos parents une aide financière et on n’avait pas envie.

En quoi le choix de Toulouse est-il symbolique pour vos deux derniers concerts ? 



À la base, ils n’étaient pas prévus parce que l’on devait finir à Alençon, à La Luciole, notre tournée se terminait là-bas. Lorsqu’on était sur la route, entre nos trois derniers concerts, on s’est dit que ce n’est pas possible de finir ici, que l’on vient de Toulouse, et qu’on veut terminer là-bas. On devait faire un concert à Paris, et un à Toulouse. Finalement, c’était compliqué d’organiser ça à Paris. Surtout, on avait vraiment envie de fêter cela avec notre famille, nos amis. Même les gens qui viendront nous voir ce soir, si on ne les connaît pas personnellement, Kid Wise est une grande famille.

« On avait vraiment envie de finir chez nous. »

On ne voulait en faire qu’un à l’origine, mais le concert était complet assez rapidement, en trois semaines. On s’est donc dit que s’il y avait de la place au Connexion, autant en faire deux.
Qu’attendez-vous de ces deux derniers concerts avec les Kid Wise ?
On veut surtout partager un super bon moment avec tous ces gens qui seront là. Essayer de ne pas craquer, réussir à finir les concerts dignement. Cela sera un contexte assez particulier, car on va jouer assez longtemps, il y aura une partie des concerts qui sera jouée dans le public…



Il y aura beaucoup d’émotion ? 



Oui, il y aura beaucoup d’émotion. C’est le premier projet musical professionnel que l’on a tous eu. J’ai 22 ans, j’ai mis un quart de ma vie dans ce projet, qui va s’arrêter ce soir et demain. Ça va être compliqué émotionnellement, il va falloir tenir, mais ça va être magnifique. Je préfère que le projet s’arrête comme cela, plutôt qu’en queue de poisson, qu’on s’engueule et qu’on ne revienne plus sans dire au revoir à notre public. On attend deux grandes fêtes.

Quel bilan retenez-vous de ces dernières années avec Kid Wise ?

On est partis de rien. On faisait de la musique dans nos chambres, pour rigoler ensemble. On a sorti un morceau qui a tout changé. C’est de ce morceau qu’on a signé avec Universal, notre producteur Bernard Chapelle, notre éditeur… On a fait des tournées incroyables, on est allés jusqu’en Colombie, on a fait Solidays, les Vieilles Charrues, ce sont des dates auxquelles je n’aurais jamais cru si on m’en avait parlé il y a 5 ans. Le bilan est assez incroyable. Quand j’y repense, j’ai l’impression que ça n’a jamais existé, que c’était juste un rêve. Le clôturer demain, ça va tout faire ressortir.

Les deux concerts finaux du groupe au Connexion live affichent complet. Leur album « Les Vivants » est toujours disponible dans les différents points de vente.

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