Depuis mardi 9 janvier, les enseignants du lycée Gallieni à Toulouse entendent dénoncer des actes de violences et de graves dysfonctionnements au sein de l’établissement. Depuis, des débrayages ont lieu au sein de l’établissement. Ce mardi, les professeurs doivent être reçus par le rectorat de Toulouse pour demander des réformes spécifiques au lycée. Une situation usante pour des professeurs à bout de nerfs. Les étudiants, eux aussi, semblent épuisés de cette situation. Nous sommes partis échanger avec eux sur leur ressenti.
16h30 devant le lycée Gallieni. Seuls quelques élèves sont devant le portail. Dans un premier temps c’est la loi du silence qui semble régner lorsqu’on discute avec les étudiants du lycée. « Il n’y a pas de violence ici, c’est tranquille » lance Sophia*, « Abuses pas, y’a des élèves qui font n’importe quoi franchement » lui répond Aya. Elle poursuit : « Les filles, les garçons, tout le monde se fait taper. Il y a de la violence tous les jours ». Une jeune fille les rejoint. Inès est élève en première. « En deux ans ça a vraiment changé. Tout le monde se connaissait et rigolait avant. Les bagarres, il n’y en avait pas. Maintenant c’est capuche sur la tête. Pour 5€ t’as un paquet de clope de la marque que tu veux, et c’est pareil pour la beuh ». Deux élèves de terminale souhaitant garder l’anonymat total confient même qu’ils n’empruntent pas certains couloirs et que les professeurs « flippent ».
Les « profs » sont sur toutes les lèvres
Il est 17 heures, la sonnerie retentit. Chacun cherche son bus. Tony et Martin, élèves de seconde pensent surtout aux enseignants du lycée. « On peut les comprendre les profs. On arrive à parler avec certains, ils sont fatigués et ils flippent surtout… » explique Martin. Certains sont même énervés comme Karim : « Les profs ne font pas ça pour rien. Faut qu’ils maintiennent la grève. Les grèves c’est chiant mais s’il bougent pas, il ne se passe rien. Autant aller jusqu’au bout et qu’ils aient gain de cause » lâche t-il.
Frustration et parents inquiets
Devant le lycée, très peu de parents sont présents. Les autres sont peu bavards. Un parent d’élève exprime ses craintes : « Je suis de tout coeur avec les profs mais je suis surtout inquiet pour mon fils. J’ai pas envie de le voir tomber là-dedans ». Plus tôt dans la journée une mère et son fils quittent l’enceinte du bâtiment. « On a que des problèmes dans ce lycée » lance-t-elle avant de continuer son chemin, pressée par son fils.
Pour Idriss, en terminale « ce qui est frustrant c’est qu’on a l’impression d’être tous dans le même panier, alors qu’on est juste des terminales et qu’on veut avoir notre Bac ». Samy, élève en terminale ne comprend plus les professeurs et le lycée : « Les profs sont jamais là. Ils font grève. Ils croient qu’on vient avec des armes en cours. À quoi ça nous sert une arme en cours sérieux? ».
À l’heure où nous publions ces lignes aucune décision concernant la rencontre professeurs et rectorat de Toulouse n’est encore parvenue.
*certains prénoms ont été modifiés dans un soucis d’anonymat.
Actualisation : D’après Fabian Bergès, secrétaire adjoint du SGEN-CFDT 31, aucune décision immédiate n’a été prise à l’issue de la réunion entre le rectorat de Toulouse et des professeurs du lycée Gallieni. « Le rectorat ne mesure pas la souffrance quotidienne des professeurs », explique-t-il. Rajoutant : « Nous aurons 2,5 AED (assistant d’éducation, ndlr) à la rentrée mais rien dans l’immédiat ». On peut craindre un durcissement de la mobilisation des professeurs de Gallieni dans les prochains jours.