Lévothyrox, des malades désabusés

Ils sont vingt-trois. 23 patients qui n’en peuvent plus d’attendre ! Depuis 11 mois, ils pétitionnent qu’on les écoute, qu’on les comprenne. Depuis 11 mois, ils demandent des réponses aux questions qu’ils se posent à propos de leur santé. « Débouté ». La voilà, la réponse rendue ce matin par le tribunal de Toulouse. Au-delà de ces 23 individus, ce ne sont pas moins de 23 000 malades, qui sont une nouvelle fois déçus. Des malades convaincus des effets indésirables du Lévothyrox, qui attendaient, enfin et en vain, une bonne nouvelle.

Un dossier incomplet

« Des preuves manquantes sur la non-présence des boites en pharmacie et des certificats médicaux absents quant aux troubles des malades« . Voilà ce qu’a avancé ce jeudi matin Maître Robert, défenseur du laboratoire Merck. Pour lui, sans ces justifications il est hors de question que les plaignants aient gain de cause. Un sentiment visiblement partagé par le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Toulouse. Le collectif n’obtiendra donc pas la formule de Lévothyrox demandée. Une formule sensée être présente en pharmacie à l’heure actuelle, mais dont ce n’est pas le cas, avancent les plaignants. Me Jacques Lévy, défenseur du collectif, devrait constater au plus vite, et par huissier, l’absence de ces boites dans les pharmacies environnantes. Un certificat qui a cruellement manqué aux plaignants ce matin, lors de la séance, pour étayer leur dossier.

« Choquant et arrogant »

« C’est choquant que cet avocat dise qu’il n’y a pas de preuve concrète quand même ! C’est arrogant aussi et puis c’est faux ! » Voilà comment Carole Negre, du collectif Victimes Nouveau Levothyrox – Occitane (VNLO), qualifie le plaidoyer du défenseur du laboratoire Merck. Et comme Carole, ils sont nombreux à être désabusés, à passer des nuits presque blanches, à ressentir forces migraines, à être plus vite fatigués. Ils sont nombreux à aller mal, sans savoir comment aller mieux. « Aller s’approvisionner en Italie, en Espagne, vous croyez que c’est normal vous ? En France, on est au pied du mur. Mais enfin il faut continuer, continuer à se battre, continuer à avancer pour que les choses bougent ! » poursuit Carole. Après 34 ans passés dans des laboratoires pharmaceutiques, la quinquagénaire est persuadée de savoir d’où viennent ses ennuis de santé. Mais voilà, aucune preuve n’est encore avérée aujourd’hui. Seules des suppositions, des interrogations, alimentent la chronique ; et ce, depuis plus de 6 mois.

La présidente de vivre sans thyroïde, Beate Bartes, ce jeudi à Toulouse – Crédit Régis DARO

Et c’est à ces interrogations que Beate Bartes veut apporter de véritables réponses. C’est ce voile, pesant, que la présidente de l’association « Vivre sans Thyroïde » veut lever. Après, il y a 17 ans de cela, un cancer de la thyroïde, elle a créé son association « pour informer les malades sur ce nouveau mal alors encore peu connu« . Depuis mars 2017, date à laquelle la polémique a éclaté, son site internet va jusqu’à enregistrer 15 000 visites quotidiennes. « Les malades ont besoin de savoir ! On ne demande même pas d’argent ou quoi que ce soit, on demande des réponses ! Des réponses sur le changement de la formule, sur les véritables modifications de cette formule. Et puis sur le pourquoi de ces modifications. Tous ces gens qui se manifestent, ou pas d’ailleurs, ont le droit d’avoir des réponses. »

Agnès Buzin, ministre de la Santé, l’a elle-même reconnue en septembre dernier, « l’État n’a pas correctement fait son travail d’informateur lors du changement de formule« . Mais aujourd’hui, petit à petit, des solutions – insuffisantes encore pour les malades – se mettent en place. Des avancées sont faites de jour en jour, grâce notamment à ces collectifs et associations.

Le 26 janvier prochain au Tribunal de Grande Instance de Paris, Beate et son association demanderont à nouveau des comptes au laboratoire :  » L’assignation fait 45 pages. Nous voulons savoir où sont fabriqués les différents ingrédients du comprimé, nous voulons voir des factures, nous voulons des preuves sur l’instabilité de l’ancienne formule etc. Le laboratoire veut renvoyer la séance à plus tard. Moi, j’espère que ça sera traité au plus vite ! J’espère que nous aurons enfin des réponses concrètes ! »

Verdict le 26 janvier prochain.

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