Downsizing, à la hauteur des espérances

Downsizing sort aujourd’hui dans les salles obscures et il n’a pas fini de surprendre. Écrite et réalisée par Alexander Payne, cette comédie originale et ambitieuse n’est autre qu’une peinture satirique de notre société, subtilement menée par des acteurs de choix.

À l’heure où la planète, surpeuplée, se confronte aux enjeux climatiques et environnementaux, des scientifiques mettent au point un processus révolutionnaire. Réduire la population à une taille de 12 cm. Mais tous vont très vite se rendre compte que le « downsizing », c’est aussi l’opportunité de s’offrir un meilleur mode de vie.

Endettés et surtout séduits par cette idée d’un avenir meilleur, Paul Safranek (Matt Damon) et sa femme, Audrey (Kristen Wiig), vont, eux aussi, se prêter à la miniaturisation. Ils vont alors quitter leur quotidien du Nebraska pour tenter une nouvelle aventure. Une décision qui va bouleverser le cours de leur vie.

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Dans un futur proche ?
Traiter des enjeux actuels n’est pas une mince affaire. C’est pourtant le pari que s’est lancé Alexander Payne avec Downsizing. Après Sideways, The Descendants ou encore Nebraska, le réalisateur n’a pas hésité à re-plancher sur son ambitieuse idée délaissée depuis 2009. Et on peut dire qu’il a bien fait d’attendre.

En effet, le film arrive à point nommé dans cette époque de surconsommation où les problématiques de population et d’environnement deviennent de plus en plus préoccupantes. C’est donc une critique satirique de notre société que Payne a souhaité exposer ici. Un film surprenant de réalisme, mais surtout une comédie des plus sérieuse traitant des sujets les plus actuels.

 

Un humour constant
Pour autant, l’ironie ne manque pas dans cette comédie d’anticipation. Les railleries et l’indifférence de Dusan Mirkovic (Christoph Waltz) n’altèrent en rien la gravité de la situation, elles la rendent au contraire plus douce. Ségrégation, enjeux environnementaux, crise économique, cette réalité qui est la nôtre est subtilement amenée par l’humour des protagonistes, eux-mêmes impactés.

Toutefois, le spectateur a du mal à se laisser émouvoir. Le jeu de Hong Chau (interprète de Ngoc Lan Tran) est excellent, mais la dérision conduite par les dialogues refrènement les larmes du public. On a du mal à s’attacher aux personnages dont l’histoire n’est parfois pas assez développée.

 

Un casting de haut vol
S’il est évident de reconnaître comme judicieux le choix d’acteurs comme Matt Damon ou Christoph Waltz, il n’est pas négligeable de s’attarder sur Hong Chau. Peu connue du grand public, cette actrice américaine a pourtant su s’élever à la hauteur de ses compagnons de tournage. Nominée au Golden Globe dans la catégorie « Meilleure actrice dans un second rôle », la jeune femme a su amener la gravité nécessaire à son personnage. C’est donc avec plaisir que l’on découvre un visage nouveau empli d’expressivité.

L’Américain lambda, campé par Matt Damon, s’oppose vivement à la frivolité et à l’indifférence de Dusan Mirkovic. Un vif contraste mis en avant par l’ambiance sonore. La musique classique déroule avec douceur les différentes émotions traversées par Paul Safranek, alors qu’un brouhaha introduit Dusan. Et ce n’est qu’une fois les deux personnages devenus ami que le classique reprendra le dessus. Un choix judicieux bien qu’inattendu pour cette bande originale que l’on a plaisir à écouter.

Mais la musique sait aussi faire place à des éléments sonores plus naturels. Un simple coucher de soleil, une lumière chaleureuse. Le sifflement du vent. Les larmes qui roulent sur les joues des « anciens ». Un baiser, une étreinte. Et une scène sublimement prenante et touchante. Payne n’a pas lésiné sur les moyens pour transporter le public dans l’univers enchanteur et luxurieux de Leasureland.

 

Plongez dans « le petit monde »
Disneyland à son « Monde des touts petits », l’Amérique d’Alexander Payne, elle a son Leasureland. Nourries d’effets spéciaux de haute qualité, les images introduisent sans mal le spectateur dans ce monde réduit. Ici, les objets du quotidien deviennent démesurés et les humains des Lilliputiens. C’est à travers les yeux de Paul et des autres aventuriers que le public entraperçoit les paysages norvégiens et en découvre la faune et flore. Alexander Payne dévoile ici un nouveau monde à échelle nouvelle.

Et vous, vous seriez prêts à vous faire miniaturiser ?

 

 

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