Don d’organes : Une loi qui permet de dire non

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Depuis le 1er janvier 2017, la législation en matière de don d’organes n’est pas toujours très claire. Il ne s’agit pas d’une modification de décret comme annoncé dans les médias mais bien d’une amélioration des conditions de travail pour le personnel de santé. De plus, les Français ont toujours été donneurs d’organes présumés, seul le refus est simplifié.

Stupéfaction au CHU de Purpan pour le docteur Georget et les infirmiers de la Coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus (CHPOT). En cause, le traitement médiatique de ce fameux décret sur le don d’organe entré en vigueur le 1er janvier 2017. Pour rappel, le loi n’a pas changé. Les Français sont tous donneurs d’organes présumés, sauf s’ils ont évoqué l’inverse de leur vivant, et ce depuis la publication de la loi Caillavet du 22 décembre 1976. « Les deux seuls réels changements sont l’amélioration de la qualité du refus de donner un ou plusieurs organes ainsi que la valorisation de notre intervention au sein de l’hôpital » rétorque le docteur Georget. « Si nous détaillons ce texte de loi, il affirme que selon les circonstances nous pouvons être amenés à ne pas prélever d’organes. Il ne nous n’est pas envisageable de prendre des décisions à l’encontre des familles que nous rencontrons sous peine de faire la Une des journaux! »

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Le docteur Georget dans son bureau./DR Arthur Le Maout

 

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Justement la loi, que dit-t-elle?

L’arrêté du 16 août 2016, appliqué ce 1er janvier 2017, stipule que « Le prélèvement constitue une possibilité ouverte par la loi; toute décision de prélèvement comme de non-prélèvement doit tenir compte du contexte dans lequel il est envisagé et doit être analysée tant qualitativement que quantitativement. »

A comprendre, le refus de donner a été facilité par cette amélioration de la loi : le don peut avoir lieu et non pas doit avoir lieu. Les proches des victimes pourront compléter un formulaire accessible sur internet à partir du 23 janvier à l’adresse suivante: registrenationaldesrefus.fr. « Avec la mise à jour du décret, s’engager à dire non par écrit est désormais un document recevable. S’il n’y a pas de trace écrite laissée par le défunt, les proches remplissent un simple document. » signale Joani Chatillon, infirmier au CHPOT. « Ce n’est pas une révolution mais notre travail est mis en avant. Par exemple, l’entretien que nous avons avec les proches de la victime est devenu un acte de soin. Notre profession devient plus reconnue. »

Quid de la carte de donneur ?

« Elle reste toujours un document recevable » assure le docteur Goerget. « C’est un acte fort de la porter sur soi. Elle influence forcément dans les décisions quant à un éventuel prélèvement. » Malgré le buzz du décret appliqué le 1 janvier 2017, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise publicité. Le don d’organes est revenu sur la scène. Le fait de porter une carte de donneur d’organes aide considérablement les quelques 700 personnes sur le territoire qui évoluent dans ce corps de métier. « Dans 95% des cas, les proches et les victimes n’ont pas échangé sur le sujet sujet » désole Joani Chatillon. « Il s’agit de l’unes des plus grandes difficultés de notre profession. Le plus important c’est donc de parler du don d’organes autour de soi. »

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Un métier qui en cache trois

Bien que résumé par un titre d’infirmier coordinateur de prélèvement d’organes et des tissus, cette profession ne se cantonne pas au transport des organes d’un patient à un autre. Des qualités humaines ainsi qu’une série de vérifications obligatoires conduisent à l’acte médical.

  • Médiateur. Le coordinateur de prélèvement d’organes et des tissus se charge de l’entretien avec les proches à la suite de la mort encéphalique d’un patient. Il a pour objectif de trouver un consensus au sein des familles ou des amis de la victime. Il s’agit de faire preuve d’une importante capacité à s’adapter à ses interlocuteurs étant donné la gravité des événements.
  • Enquêteur. Le coordinateur de prélèvement d’organes et des tissus recueille des données médicales qui seront transmises à l’agence de la biomédecine puis au service de greffe. Ces vérifications légales permettent de diagnostiquer si le défunt est en situation physiologique ou non de donner ses organes. Ce travail équivaut à une trentaine d’heures de recherches.
  • Infirmier. A la suite de l’intervention de l’équipe chirurgicale, le coordinateur de prélèvement d’organes et des tissus veille à restituer le corps intact aux proches. Il s’assure à ce que les organes soient transportés correctement dans des sacs de glace prévus à cet effet. L’acte médical est donc minime par rapport à la partie administrative évoquée.

Avec Alan Bernigaud et Alison Perret

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